Une dernière vague de travaux importants se déroule en 1939 et 1940. On rapporte qu’à l’époque, les boiseries et la toiture sont en très mauvais état.
On retrouve précisément la nature exacte des travaux dans le devis de l’architecte Pilorget de Saint-Lô conservé dans les archives de la commune. En particulier, les travaux de maçonnerie et de charpente ont consisté à élever les deux parties basses de l’édifice de 1842 et coincées entre les extensions de 1889 (un coup d’œil sur le plan de 1889 vous permettra de comprendre rapidement). La réalisation des travaux de cette époque a donné à l’école son apparence d’aujourd’hui.
Pour permettre l’exécution des travaux, la commune emprunte 270 000 francs et prévoit le remboursement de l’emprunt sur 30 ans.
Il est question dans les archives des travaux de la guerre de 1939-1945 !
Le 13 mars 1940, l’architecte François Pilorget rédige un rapport au Maire de Tribehou, Monsieur Louis Guilbert, qui s’était plaint de retards dans les travaux. Il rappelle au Maire que l’entrepreneur Vergnine de Carentan en charge du principal lot (maçonnerie, charpente, menuiserie et couverture) a été mobilisé ainsi que la majeure partie de ses ouvriers !
Je me devais ici de vous parler aussi de l’alimentation en eau de l’école étant donné les nombreux documents de l’époque s’y rapportant. Tribehou, en 1939, n’a pas de réseau d’eau courante et oblige les habitants à s’approvisionner dans les puits. Outre les tracasseries de puisement de l’eau, il faut se rendre compte que la qualité de l’eau n’était pas toujours au rendez-vous. On en parle précisément dans le projet de rénovation des écoles en 1939 et l’administration fiscale impose même l’installation d’un appareil de javellisation (dit également verdunisation). A l’époque, l’architecte intègre cette exigence dans son cahier des charges et demande à faire exécuter les travaux par l’entreprise Jehenne mais qui renonce le 2 février 1940 à l’exécution des travaux pour cause de mobilisation !
Bien embarrassé par ce contre-temps, l’architecte demande d’autres devis et se rend compte que la dépense va dépasser largement son estimation initiale. Il propose ainsi, le 19 avril 1940, de faire effectuer uniquement les travaux de protection du puits de l’école (trottoir et caniveau) et de faire procéder à l’issue à une nouvelle analyse d’eau en espérant produire ainsi une eau propre et éviter l’installation de l’appareil de javellisation. Je ne sais pas finalement comment s’est terminé cet épisode : il est probable qu’on en soit resté là sans autre forme d’investissement.
Enfin, le projet de 1939 prévoit l’installation d’un groupe électro-pompe et la construction de son abri permettant de puiser l’eau du puits et d’alimenter en eau courante les locaux des écoles. Malheureusement, la fiabilité de l’installation n’a pas toujours été au rendez-vous. En témoigne cet extrait du 14 août 1940 adressé à Madame Hélye du groupe scolaire de l’époque :
« Madame, ayant reçu votre lettre, je suis allé hier voir le groupe électro-pompe qui ne fonctionnait pas , j’ai ouvert la porte de la cave avec un crochet, j’ai démonté la pompe, j’ai constaté qu’elle était désamorcée et que le réservoir avait encore beaucoup trop d’air, l’ayant remontée et réamorcée elle s’est remise à marcher pendant quelques minutes ensuite elle fonctionnait dans le vide et de ce fait elle ne pompait que de l’air dans le réservoir. La cause de non fonctionnement de cette pompe vient que l’eau est trop basse dans le puits, il y a tellement d’eau de puisée que le puits assèchera, je reviens à la pompe il ne faut donc plus la faire fonctionner puisqu’il n’y a presque plus d’eau, il faudra attendre que l’eau remonte et cela ne sera pas avant octobre. »
Il m’est difficile de vous dire comment tout ça a évolué pendant la seconde guerre et ensuite mais sachez que l’eau courante (la vraie : celle qui coule du château d’eau !) est arrivée à Tribehou en 1960 ou 1961.